Lorsqu’on aime son métier de formatrice ou de formateur, parce qu’on se passionne pour la pédagogie, parce qu’on aime transmettre, voir nos apprenants monter en compétence, trouver du plaisir et du sens dans leurs apprentissages, on s’intéresse forcément aux questions de l’engagement et de la motivation. Il n’y a rien de plus frustrant à mes yeux qu’une formation dans laquelle les apprenants ne s’impliquent pas, se sentent en difficulté, ou s’ennuient.
C’est la raison pour laquelle j’ai introduit la ludopédagogie dans ma pratique depuis quelques années maintenant.
Qu’est-ce que la ludopédagogie ?
La ludopédagogie consiste à utiliser les mécanismes du jeu en situation de formation professionnelle pour permettre à l’apprenant d’apprendre de manière efficace et stimulante.
Cette discipline part d’un constat : les jeux ont un impact positif sur la motivation, l’engagement et l’implication des apprenants, quel que soit leur âge. C’est un outil efficace pour rendre l’apprenant acteur de ses apprentissages, et lui permettre de retrouver des sensations de plaisir et de motivation, par le challenge, les défis, l’esprit d’équipe ou de compétition, les récompenses, etc.
Pourquoi le jeu est-il un bon vecteur d’apprentissage ?
Différents facteurs entrent en compte selon les types d’apprenants, leur rapport à l’école, à l’enfance, etc. Mais de manière générale, le jeu permet de mobiliser l’apprenant sur des fonctions essentielles :
- Le plaisir : jouer est souvent un moment de détente et de lâcher-prise, qui permet de se mettre dans de bonnes dispositions pour apprendre. Or, les neurosciences ont clairement établi le rôle prédominant du plaisir dans les apprentissages durables
- La concentration : le jeu demande de l’attention durant toutes les phases, de la prise en mains à la victoire finale
- la compréhension : il s’agit d’interpréter correctement des consignes, et de comprendre les mécanismes du jeu pour les exploiter à son avantage
- la mémorisation : des règles du jeu, des éléments de la partie
- la réflexion : tout jeu nécessite de développer une stratégie individuelle ou d’équipe pour gagner
- l’adaptation dans un environnement aléatoire (dû au hasard des cartes ou des dés, aux choix des autres joueurs, etc)
- et la coopération : même dans des mécaniques de jeu basées sur la compétition, le fait de jouer ensemble nécessite de coopérer autour des mêmes règles et objectifs, et d’interagir avec ses coéquipiers ou adversaires.
Enfin, contrairement aux apprentissages classiques, la pédagogie par le jeu laisse place naturellement à l’essai-erreur, ce qui permet au joueur d’adapter sa stratégie d’apprentissage en fonction des événements de la partie.
Du côté du formateur, la ludopédagogie présente également de nombreux avantages :
- faciliter un apprentissage complexe ou rébarbatif en amenant les apprenants dans un univers plus stimulant, plus créatif, pour s’approprier le contenu
- mieux s’adapter aux rythmes d’apprentissage de chacun : selon la nature du jeu, l’apprenant peut rejouer autant de fois qu’il le souhaite
- créer des interactions stimulantes entre les apprenants, ce qui renforce la cohésion de groupe, l’apprentissage entre pairs, et favorise, au-delà de l’expérience du jeu, le social learning.
Pour autant, la ludopédagogie répond à un certain nombre de règles indispensables à maîtriser pour que l’expérience soit concluante :
Selon la nature du public, selon les objectifs pédagogiques, selon le temps dont on dispose, toutes les situations ne se prêtent pas à la ludification. Il convient donc de se former à cette pratique pour ne pas tomber dans le piège du jeu «gadget» mais au contraire concevoir des séquences efficaces sur le plan pédagogique. Il s’agit notamment de choisir les types de jeu en fonction des activités pédagogiques, de comprendre les mécaniques de jeu pour pouvoir les adapter, de les adapter à son public d’apprenants, etc.
Si vous souhaitez vous former, je propose un module court sur demande. N’hésitez pas à me contacter !
Je m’intéresse au jeu en formation depuis de nombreuses années, j’ai expérimenté de nombreux formats – en tant que formatrice comme en tant qu’apprenante – et depuis deux ans environ, j’ai largement intensifié ma veille et ma mise en pratique dans ce domaine. A la faveur de rencontres professionnelles inspirantes, de lectures, et surtout de tests grandeur nature, j’ai enrichi ma culture ludique et pédagogique, au point de créer un groupe d’échanges de pratiques dédié à la ludopédagogie, et de me lancer dans l’aventure de la création d’un serious game qui, je l’espère, sortira en 2021.