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« Le numérique tue notre métier de formateurs. » « Le distanciel déshumanise la relation. » « Mes apprenants décrocheront si je ne suis pas là. »

Beaucoup de formateurs et formatrices que je connais, ou dont je lis les posts, semblent très mal vivre la digitalisation forcée de leurs formations, et se retrouvent en difficulté face à cette nouvelle injonction.

Je comprends que la brutalité du passage au distanciel durant le confinement puisse être mal vécue quand on n’avait pas soi-même investi le numérique. Mais ces réactions ne sont-elles pas le fruit avant tout de croyances limitantes (et donc dépassables), de peurs, de difficulté face au changement rapide et aux incertitudes de la période ? Sont-elles objectives ? Le distanciel signe-t-il la mort du formateur ?

Personnellement, je suis évidemment convaincue du contraire.

D’abord, parce que si on se questionne sur l’art de notre métier, à savoir « comment transmet-on ? », on se rend bien compte qu’il n’y a pas qu’une réponse unique, que toutes les situations peuvent être apprenantes pour peu qu’elles aient été bien conçues.

Ensuite parce qu’on est si nombreux, en tant qu’élèves, étudiants, ou stagiaires de la formation, à s’être tant de fois ennuyés à mourir dans des formats présentiels et avoir appris tant de choses en autonomie sur Internet. L’inverse étant tout aussi vrai d’ailleurs. Le monde n’est pas binaire.

En cause ? La PEDAGOGIE mise en œuvre (ou l’andragogie, peu m’importe). La façon dont le formateur organise la transmission et l’accompagnement des savoirs.

Mettez des apprenants 2 heures dans une salle à écouter et lire des powerpoint : qu’auront-ils vécu ? Retenu ? ressenti ?

Mettez des apprenants 2 heures derrière un écran avec des séquences en autonomie, en sous-groupes, en classe virtuelle, et une liberté temporelle plus forte pour rendre leurs exercices : qu’auront-ils vécu ? retenu ? Ressenti ?

Ce n’est pas tant de proposer aux apprenants d’être en salle ou derrière leur écran qui rendra une formation efficace ou mauvaise : c’est d’avoir étudié leurs besoins, leurs capacités, leurs comportements, leurs freins, leurs leviers de motivation. C’est d’avoir pensé les séquences de manière différente, parfois ludiques, parfois didactiques, toujours participatives…

En fait, ce n’est pas la digitalisation qui pose problème.
Et certainement pas elle qui tuera notre métier.
Au contraire.
Elle va le réinventer.
Parce qu’elle va obliger chaque enseignant, chaque formateur, à réinterroger sa posture, à monter en compétences pédagogiques (et techniques aussi), à déterminer ce qui fait sa valeur ajoutée et ce qui anime ses apprenants, à imaginer d’autres façons de faire…

C’est une rupture énorme dans nos modèles d’enseignement. Et c’est pour ça que la transition est complexe. Mais il est temps, il est temps ! Rappelez-vous ce clip choc qui faisait le procès de l’école… pourquoi serait-elle la seule à ne pas évoluer ?

L’accélération actuelle, l’adaptabilité exigée par la pandémie, la montée en puissance du numérique nous obligent à nous réinventer. Cela ne doit pas nous faire oublier nos valeurs profondes, ni le sens de nos métiers ! Gardons en tête que les écrans ne sont que des outils, pas une fin en soi, et imaginons comment transmettre avec bonheur et efficacité, où qu’on soit. N’est-ce pas stimulant au contraire ? 😊